Un entretien avec Terry McGough

  • Alfie Boe and Rachel Fuller with dog
  • Alfie Boe singing, Rachel Fuller on piano
  • Pete Townsend headshot
  • Studio session with Alfie Boe

Après s'être imposé comme un photographe de mode et de portrait prolifique, Terry McGough a construit son travail autour de ses influences telles que la cinématographie et luminosité, en appliquant son style unique à la mode, à la beauté, aux éditos et aux tournages de clips musicaux. Plus récemment, Terry a prêté son art à un projet caritatif pour lequel il a travaillé avec Rachel Fuller, Alfie Boe et Pete Townsend pour sensibiliser à la souffrance animale.

 

Dernièrement, tu as photographié et filmé Animal Requiem, un concert de charité pour les animaux. Comment t’es-tu retrouvé engagé et peux-tu nous en dire un peu plus sur ce spectacle ?

La dernière fois que j’ai travaillé avec Rachel Fuller c’était il y a quelques temps sur une pochette d’album pour Universal Records et on est restés en contact. Comme la plupart du temps dans ces cas-là, j’ai reçu un coup de téléphone sorti de nulle part pour me demander d’aller chez Rachel et prendre Alfie en photo pendant qu’il enregistrait dans le studio de Pete Townsend (le mari de Rachel).

Ce projet porte essentiellement sur le deuil et la perte, la perte que n’importe quel propriétaire d’un animal de compagnie peut ressentir etc. Rachel a composé Animal Requiem avant tout pour elle-même, comme une façon d’exprimer son chagrin d’avoir perdu plusieurs de ses chiens ces dernières années et, en tant que militante passionnée des droits des animaux, elle voulait à la fois sensibiliser et recueillir des fonds pour le bien-être des animaux abandonnés.

Comment es-tu arrivé dans la photographie?

J’ai commencé comme photographe de presse à 19 ans – je ne connaissais personne, n’avais aucun contact, mais j’avais beaucoup d’espoir. J’ai commencé par faire des photo calls dans des endroits comme HMV à l’époque où le lancement d’un album était un événement majeur. J’ai rencontré et côtoyé des gens, j’ai menti et enjolivé un peu certaines choses et d’une manière ou d’une autre, j’ai fini par photographier des événements comme le concert d’ouverture du World Tour de Madonna à Tokyo pour une agence de presse. De fil en aiguille, je suis parti en tournée en tant que « photographe officiel de tournée » pour des artistes comme Paul McCartney, Tina Turner et Lisa Sandfield. Puis on a fini par me demander de travailler sur les clips de ces artistes en tant que photographe pour des BTS. C’est à cette époque que j’ai connu la plaque tournante de ma carrière : observer un réalisateur peindre littéralement avec de la lumière et transformer des artistes séduisants en véritables stars – j’ai simplement su que je pouvais le faire… sans formation, sans assistance, j’ai juste senti dans mes tripes que je pouvais faire ça moi aussi.

Comment décrirais-tu ton style?

Je puise mes inspirations chez des photographes humanistes tels que Bert Hardy, Capa, Doisneau, Riboud, Bresson etc. et j’ai toujours adoré le photojournalisme. J’imagine que, même si j’ai travaillé et travaille toujours dans la musique, la mode et la beauté, je suis toujours un grand fan de ces photo journalistes et que je chercher à leur ressembler dans tout ce que je fais.

Qu’est-ce qui inspire ta photographie, comment as-tu découvert ton style?

Peter Lindbergh, Peter Lindbergh, Peter Lindbergh, Peter Lindbergh, Peter Lindbergh, Peter Lindbergh.

Quand j’ai rencontré Peter Lindbergh, à la grande époque du directeur de création Fabien Baron et de la version américaine de Harper’s Bazaar dans les années 80, j’ai tout de suite su que son éclairage et son penchant pour les photographes humanistes et journalistiques dans sa mode représentait tout pour moi.

Quels sont tes shootings préférés parmi tous ceux sur lesquels tu as travaillé?

En studio d'enregistrement avec Paul McCartney quand j'avais 26 ans, alors que son groupe et lui passaient en revue la set list pendant deux semaines. Ma jeunesse m'a donné une sorte de confiance en moi ; alors que les photographes plus âgés, qui avaient peut-être grandi avec les Beatles, auraient pu être intimidés par lui - et j'étais là, littéralement assis au piano avec un 50mm devant lui pendant qu'il chantait "Let it Be".  C’est le genre de moments où l'on se dit : "A quel point suis-je béni d’avoir trouvé ce job et de pouvoir en vivre ?"

Tu as photographié beaucoup d’artistes très impressionnants, est-ce qu’il reste des artistes ou des personnes avec lesquels tu aimerais travailler?

Je suis assez fasciné par les entraîneurs de football en ce moment, et je suis sûr qu’il serait très intéressant de pouvoir passer un peu de temps avec Jurgen Klopp ou Pep Guardiola. Ce sont tous les deux des leaders naturels qui possèdent également la poésie d’un chef d’orchestre pour coordonner leurs hommes dans une unité cohésive. Ils ne font pas que s’accorder sur l’objectif de gagner, mais également de vraiment jouer au football, comme si c’était un art, et ainsi créent de magnifiques œuvres d’art et de divertissement.

En ayant commencé comme photographe, qu’est-ce qui t’a mené vers la réalisation ? Est-ce que la montée en puissance de la vidéo a affecté ton travail d’une façon ou d’une autre ?

J’ai toujours été attiré par les photographes qui pouvaient utiliser la lumière comme Demarchelier, Lindbergh et Roversi et c’est ce qui m’a amené vers la cinématographie. La transition vers la vidéo m’a toujours semblé naturelle. J’ai arrêté d’utiliser le flash il y a très, très longtemps et comme je fais partie de la génération Ektachrome où les photographes devaient la mettre directement dans le cadre, j’ai renoncé aux retouches. Ça n’existait pas à l’époque ou alors c’était extrêmement cher, du coup il fallait apprendre à faire de la lumière.

Je ne suis pas un réalisateur dans le sens où je peux comprendre un script et guider un acteur ou un musicien à jouer un rôle. Mais je suis un photographe portraitiste et je peux réaliser de telle manière à obtenir une performance intime de la part d’un artiste. Lorsque vous avez de l’intimité, l’acteur peut dire à peu près tout et n’importe quoi et il rentrera en contact avec le public visé. Je vends du sexe comme tout le monde, mais ce que je trouve sexy, c’est la combinaison entre vulnérabilité et intimité. Je pense que l’exemple le plus flagrant du moment où j’ai atteint cet objectif et qui m’a valu les éloges de la critique et de la publicité grâce à l’éclairage cinématographique, fût avec Will Young pour Pop Idol et sa transformation de personnalité TV à une sorte d’idole naissante. Je pense que j’ai toujours été un cinéaste et un réalisateur.

Tu travailles sur des genres différents les uns des autres (mode, éditorial, clips vidéos). Est-ce que tu as un préféré ?

Les clips, les clips, les clips. Je suis un enfant des années 80 et j’adore les vidéos de cette période – spécialement le travail du regretté Herb Ritts : la lumière, les moments caméra, les compositions – c’est juste exquis ! Mais il n’y a plus d’argent dans l’industrie musicales, donc j’ai tendance à considérer les clips musicaux comme des éditoriaux.

Quels équipements aimes-tu utiliser? Est-ce que tu as une marque préférée ?

Je suis un grand fan des HMI et des Kino Flo. Je les adore. Surtout mélanger les Kinos avec la lumière du jour. Mais en tant qu’ancien aficionado de Canon, je commence à tomber amoureux de la nouvelle gamme de caméras Sony. J’ai utilisé un Sony ARII AS sur ce projet et j’adore les ISO élevés que je peux utiliser sans avoir peur du bruit ou du grain.

Pourquoi choisis-tu Direct Digital et comment avons-nous pu t’aider?

Je travaille avec Direct Digital depuis de nombreuses années et bien sûr, je travaille avec d’autres fournisseurs. Mais la raison pour laquelle je reviens toujours chez Direct, ce sont les gens. Les personnes qui travaillent à la réception, au planning, ne sont pas des photographes en colère qui ont juste besoin d’un job et qui semblent m’en vouloir de venir ici tout heureux parce que j’ai un projet. Ils semblent vraiment partager mon excitation et ma joie d’avoir décroché un job dans cet univers impitoyable.

J’apprécie particulièrement la patience dont les employés de Direct Digital font preuve quand je me pointe pour vérifier les équipements et calmer mes nerfs avant un shooting, à répondre à mes questions stupides dues à ma nervosité. Et le meilleur exemple de cela fût pour ce projet, où le département location s’est plié en 4 pour m’aider. Je ne pourrai jamais les remercier assez pour leurs connaissances et leur patience face à un photographe nerveux.

Quelle est la prochaine étape?

Après ce projet, tous les vidéoclips et toutes vidéos de beauté en ligne que j’ai réalisés, j’ai fait en quelque sorte la transition entre le photographe et le cinéaste. Je pense qu’il est temps de garder ma personnalité en tant que photographe de mode et de portraits mais en m’installant comme société de Création Photographique et Production Vidéographique. Je viens tout juste de prendre ce portrait de Pete Townsend, j’aime toujours les portraits et l’art de l’éclairage. (photo ci-dessus)

Le travail de Terry parle de lui-même – ses images engageantes offrent toujours au spectateur une honnêteté vulnérable, capturant le sujet dans ce moment précis. Pour en savoir plus sur le projet caritatif Animal Requiem, cliquez ici. Et pour suivre le travail de Terry : son site Internet et Instagram: @terry.mcgough.